Les badauds
J’ai réalisé mon premier projet personnel, Les badauds, lors de la 100e édition du Tour de France, alors que je travaillais avec AP sur la course. À l’arrière d’une moto, traversant le pays pendant trois semaines, j’ai simplement photographié les spectateurs quelques secondes avant l’arrivée des coureurs, sans jamais demander au pilote de ralentir. Ce projet, qui fait écho à des œuvres comme Funeral Train de Paul Fusco et On Board de Jérôme Brézillon, est une photographie du pays. Ce qui m’a guidé tout au long de mon séquençage, ce n’était pas tant cet aspect documentaire que l’étude des corps et des regards : la manière dont les gens s’accrochent à leur portail, la ressemblance que nous finissons tous par avoir avec nos conjoints, et tous ces regards qui semblaient passer à travers moi. Cette série a été exposée en galerie, projetée dans des festivals, et publiée dans des médias comme le New York Times et le Guardian en 2015, qui l’a intitulée Gone in a flash.
Au nom du père
Travail en cours
Pendant 2 ans, j’ai cru photographier une vallée menacée par une catastrophe, sans réaliser que je m’avançais dans un récit sur mon père, qui a déjà vécu la sienne.
Projet soutenu par le Centre National des Arts Plastiques en 2022-2023.
Les jours étranges
J’ai commencé Les jours étranges en 2020. Mon idée de départ était simple : marcher sur le cercle exact d'un kilomètre de rayon qui délimitait ma zone de confinement pendant la crise sanitaire. J’ai ainsi passé des jours et des nuits dans mon environnement proche, principalement dans la forêt, suivant une trace que Google earth m’indiquait. Toutes ces heures passées seul à marcher ont fait surgir un autre monde devant moi. Cette marche a été le point de départ d’un sujet très personnel que j’ai continué pendant quatre ans et dont je travaille actuellement le séquençage. Je n’ai pas encore écrit le texte, mais ce que je peux vous dire c’est que mon fil conducteur, tout au long de ce travail, a été la fable du penseur taoïste chinois Tchouang-Tseu intitulée Le rêve du papillon. Dans ce récit, Tchouang-tseu rêve qu’il est un papillon, et se réveillant, se demande s’il n’est pas plutôt un papillon qui rêve qu’il est Tchouang-tseu.
Etude matinale de la lumière et du paysage
entre la fenêtre de ma chambre
et le massif du Mont-Blanc.
Travaux personnels de Laurent Cipriani, photographe auteur basé à Lyon